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Covid-19. Assurer la continuité pédagogique grâce à l’enseignement à distance

Dans le contexte épidémiologique dû au Covid-19, Sorbonne Université a déployé un « plan de continuité pédagogique » (PCP) dont l’objectif est de poursuivre la formation de ses 55 000 étudiants et étudiantes grâce à l'enseignement à distance.

. Covid-19. Assurer la continuité pédagogique grâce à l’enseignement à distance

Si les activités de formation en présentiel sont interrompues depuis le 16 mars dernier, l’ensemble de la communauté universitaire s’est fortement mobilisé pour assurer une continuité pédagogique à distance. « L’enjeu n’est pas de calquer ce qui est fait en présentiel, mais de maintenir le lien pédagogique avec les étudiants et de faire en sorte qu'ils restent dans un état d'esprit d'études. L'activité de formation de l'université ne s'arrête pas, mais elle doit se faire différemment en s’adaptant aux circonstances et en prenant en compte toute la diversité sociale de nos étudiants », explique Marie-Céline Daniel, vice-présidente Formation tout au long de la vie.

Pour cela, la communauté enseignante met à leur disposition des supports allant du cours écrit aux visioconférences. Dans la mise en place de ce plan de continuité pédagogique, les enseignants peuvent compter sur l’appui sans faille des équipes du service informatique pour la pédagogie et la recherche (SIPR) de la faculté des Lettres, du service pédagogique numérique (SPN) de la faculté de Médecine et de Capsule, le centre d'accompagnement pour la pédagogie et support à l'expérimentation de la faculté des Sciences et Ingénierie. Des équipes mobilisées pour déployer les outils d’enseignement à distance et former les usagers. 

Quels outils pour une continuité pédagogique à distance ?

Parmi les outils proposés, la plateforme pédagogique Moodle, déjà utilisée dans les trois facultés, propose un vaste choix d'activités allant du simple dépôt de documents, aux forums, en passant par des exercices en ligne, un tchat, etc. « En médecine, nous enregistrons depuis longtemps les cours qui ont lieu dans les amphis et nous les déposons sur Moodle. Les étudiants ont donc l'habitude d'utiliser cette plateforme sur laquelle ils vont pouvoir continuer à visionner un large corpus de cours », souligne Yannick Mahe, directrice du SPN.

Les enseignants ont aussi à leur disposition Panopto. Un serveur multimédia, couplé à Moodle, qui permet d’enregistrer ses cours depuis chez soi sans matériel particulier et d'y intégrer des supports pédagogiques. D’autres outils comme Zoom permettent à la communauté universitaire de faire des visioconférences en temps réel. 

Les ingénieurs pédagogiques et les développeurs informatiques poursuivent leur travail de prospection. Comme avec Wooclap, un nouvel outil qui permettra prochainement aux enseignants d’interagir en direct avec leurs étudiants grâce à des questionnaires, des sondages en temps réel, etc. « Nous espérons pouvoir le tester lors de la rencontre virtuelle qui se tiendra en avril entre professionnels de santé et étudiants de Paces », indique Yannick Mahe.

Quel accompagnement à l’enseignement à distance ?

Pour aider la communauté enseignante à prendre en main ces fonctionnalités, des boites à outils et des tutoriels ont été développés sur des pages dédiées et enrichies régulièrement par les services d’accompagnement pédagogique. « Si beaucoup d’enseignants sont déjà familiarisés à ces outils, ils ne sont pas forcément préparés à des usages qui correspondent à un changement de paradigme : le passage du tout présentiel au tout distanciel », précise le vice-doyen Numérique de la faculté des Lettres, Thomas Joufflineau. « Nous les accompagnons à distance pour qu'ils puissent être opérationnels. Nous avons déjà répondu à plusieurs centaines de sollicitations relatives à la création de comptes, des demandes de conseils pédagogiques ou des questions techniques depuis le début du confinement », ajoute Marie-Aude Vitrani, directrice adjointe de Capsule. En plus d’un accompagnement individuel, des ateliers en ligne sont également proposés par la faculté des Lettres.  

Cette mobilisation sans précédent des équipes techniques a permis, en moins d’une semaine, d’enregistrer 1000 sessions visioconférences et plus de 50 000 connexions sur la plateforme pédagogique de la faculté des Sciences et Ingénierie, 400 demandes de création d'espaces de cours sur celle de la faculté des Lettres et un doublement du nombre de connexions en faculté de Médecine par rapport à début mars.

Vers un premier bilan

Si les premiers retours à destination des services d’accompagnement pédagogique témoignent d’un réel intérêt des enseignants-chercheurs pour ces outils numériques, les services mettent en garde contre une vision techno-centrée. « Le plus compliqué ce n'est pas l'outil, mais le changement de perspective pédagogique. Cela nécessite une réflexion de fond. Malheureusement en raison des circonstances exceptionnelles qui ont entraîné un changement de pratique brutal, il est difficile de repenser, en si peu de temps, l’ensemble des cours », indique Thomas Joufflineau. « Nous ne voulons pas faire croire que ce qui est mis en place dans cette situation de crise correspond à ce que l’on proposerait en temps normal. Nous avons d’abord voulu répondre à l’urgence en offrant des solutions préconfigurées pour guider au mieux les enseignants » ajoute Marie-Aude Vitrani.

Pour Sabine Bottin-Rousseau, chargée de mission pour les pédagogies innovantes dans le cadre du projet d'université européenne 4eu+, une chose est sûre : « En interne, nous aurons beaucoup progressé sur les outils et sur la façon de les utiliser. Cette situation va permettre une meilleure acculturation des collègues à l’enseignement à distance. C’est aussi l’occasion pour eux d'expérimenter d’autres formes pédagogiques, comme les classes inversées, qui permettent de créer de nouvelles interactions avec les étudiants et de les rendre acteurs de leur apprentissage. »

Autant d’expériences qui permettront d’avancer sur la question de l’hybridation des formations, l’un des grands chantiers que porte Sorbonne Université. « Notre volonté de proposer des formations axées sur la pluridisciplinarité implique de mettre en place des cours communs à un certain nombre d'étudiants. Cela soulève des problèmes de locaux et d'emplois du temps. C’est pourquoi penser l’hybridation des cours est aujourd’hui indispensable. Un choix pragmatique plus qu’économique, qui nécessite de développer des programmes performants pour garder l’attention et l’implication des étudiants », rappelle Marie-Céline Daniel.

Enfin, si cette crise a mis en lumière l’utilité du numérique dans l’enseignement, un certain nombre de questions demeure, notamment celle de la fracture numérique. L’université mène actuellement une réflexion sur les difficultés rencontrées chez les étudiants, en particulier chez ceux qui ne disposent pas de matériel informatique approprié.