Les ultimes confessions d'un diamant maudit
Le plus gros diamant connu, le Sergio, dépasse largement en poids le Cullinan qui reste cependant bien plus célèbre grâce à sa royale destinée. Le moulage historique de ce diamant noir est redécouvert en 2023 à Londres puis à Paris où il est parfaitement conservé dans l’un des milliers de tiroirs de la somptueuse Galerie de minéralogie du Muséum national d’histoire naturelle, quinze années après la révélation de celui du Grand Diamant bleu de Louis XIV.
Ce diamant fut découvert en 1895 par un pauvre mineur brésilien d’où il tire son nom. Un futur prix Nobel français s’en enticha avant que le minéral ne soit réduit en morceaux comme tant d’autres. Ils servirent à percer les premiers grands tunnels ferroviaires alpins et le métro de Londres, forer les grands champs de pétrole, construire les gratte-ciels de Manhattan ou de percer les canaux de Suez et du Panama. Le moulage parisien du Sergio, le plus historique, devient la référence puisque l’original fut détruit en 1902. Il a cependant été mal inventorié et son existence disparait. Sa redécouverte inopinée permet de refaire revivre ce diamant unique qui est encore plus imposant, 3245 au lieu des 3167 carats annoncés. Moteur de la Révolution industrielle des XIXe et XXe siècles, ses riches histoires naturelle et humaine sont indissociables. Elle illustre – une fois de plus – comment la vanité humaine s’arrête à l’esthétique et ignore une « gueule cassée de la nature » dont le sacrifice ultime nous permet aujourd’hui de voyager, de nous combler de pétrole et de produits manufacturés provenant de l’autre côté de la planète. Il est aussi un jalon essentiel de l’histoire géologique de cette Terre en évolution : il aurait pu tant nous apprendre sur les origines de notre planète et peut-être même de la vie voire de nous-même. Voici l’histoire outragée d’une merveille de la nature milliardaire d’années qui fut sacrifiée pour notre confort mais que la science actuelle permet cependant de reconstituer en partie.