Découverte d’un dimorphisme sexuel chez un groupe de dinosaures
L’identification d’un dimorphisme sexuel (différences morphologiques entre mâles et femelles) chez les dinosaures représente un défi de longue date : en effet, comment interpréter la présence de différences morphologiques subtiles entre deux fossiles très similaires tout en étant confronté à une certaine restriction du registre en ayant à sa disposition qu’une très faible quantité de spécimens ? Le gisement paléontologique d’Angeac-Charente qui date de 140 millions d’années permet de clarifier cette question.
Découvert en 2010 et situé dans le département de la Charente, il est caractérisé de « gisement à préservation exceptionnelle » et est composé d’une forte diversité d’organismes fossiles bien conservés. Parmi ces restes, ceux d’un troupeau d’au moins 61 ornithomimosaures : ces « dinosaures autruches » appartiennent à la famille des théropodes dont font notamment partie les oiseaux et le Tyrannosaurus rex. La découverte d’autant d’individus est unique en paléontologie et a permis d’observer l’étendue de la variation morphologique existant au sein d’une même espèce.
L’étude révèle que les fémurs de ces animaux diffèrent de façon similaire au dimorphisme déjà observé entre mâles et femelles chez certains dinosaures actuels (certains oiseaux comme l’autruche, le col-vert et le goéland de Californie), chez les alligators et même chez certains mammifères (comme les loups et les humains). La richesse de l’échantillon a donc permis de suivre une approche de morphométrie 3D couplée à des analyses statistiques rigoureuses et ainsi de démontrer pour la première fois un dimorphisme sexuel chez les dinosaures.
Référence : Romain Pintore, Raphaël Cornette, Alexandra Houssaye, Ronan Allain. 2023. eLife. Femora from an exceptionally large population of coeval ornithomimosaurs yield evidence of sexual dimorphism in extinct theropod dinosaurs. DOI : https://doi.org/10.7554/eLife.83413