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Expédition Polar Pod : cap sur l’océan Austral

Nous connaissons toutes et tous Jean-Louis Étienne, cet explorateur réputé pour ses expéditions en Antarctique et en Arctique - il a notamment été le premier à atteindre le pôle Nord en solitaire en 1986. Insatiable aventurier et « explorateur d’océans » comme il se définit lui-même, Jean-Louis Étienne travaille depuis plusieurs années à une nouvelle mission en océan Austral : l’expédition Polar Pod. L’un de ses quatre objectifs : réaliser un inventaire de la faune aquatique de cet océan. Pour mener à bien ce projet et le conseiller, il a notamment fait appel à deux spécialistes de la bioacoustique de Sorbonne Université : Olivier Adam, chercheur à l'Institut Jean Le Rond d’Alembert et Cédric Cotté, chercheur au LOCEAN.

Le GIEC et l’ONU placent les océans au cœur des préoccupations mondiales. Parmi les cinq présents sur le Globe, l’océan Austral, qui encercle l’Antarctique, subit de plein fouet le réchauffement climatique. En 2021, une équipe de recherche, menée notamment par des chercheurs et chercheuses de Sorbonne Université, a démontré qu’au nord de sa surface, une zone se réchauffait particulièrement sur les 800 premiers mètres de profondeur !
Acteur majeur du climat et de la biodiversité marine, l’océan Austral est pourtant encore méconnu. Son éloignement et ses difficultés d’accès ajoutés à ses conditions climatiques ardues (surnommé par les marins du monde : les « cinquantièmes hurlants ») en font un océan encore peu étudié. La mission Polar Pod arrive donc à point nommé.

Un vaisseau hors norme "zéro émission” 

Le Polar Pod est une véritable tour dérivante d’observation d’un nouveau genre, un navire vertical, original et audacieux, bourré de capteurs et aux caractéristiques uniques au monde (lire encadré). Celles-ci vont notamment lui permettre de rester très stable et droit comme un I dans les eaux tumultueuses de l’océan Austral.  
Sa finalité : acquérir des données inédites sur cet océan éloigné, données qui seront diffusées ensuite à la communauté scientifique internationale. À ce jour, une cinquantaine d’institutions de douze pays sont impliquées dans le projet. 

Écologique, le Polar Pod ! En plus de répondre à neuf des dix-sept objectifs de développement durable fixés par l’ONU, il aura un impact très limité sur l’environnement. Entraîné par le courant circumpolaire antarctique (le principal courant marin de l’Austral), il sera alimenté par des éoliennes et des panneaux photovoltaïques.

Écouter les sons de l’océan Austral

Le Polar Pod sera donc silencieux ou quasi…. Une aubaine pour les spécialistes de l’acoustique que sont Cédric Cotté et Olivier Adam, respectivement chercheurs au Laboratoire d’Océanographie et du Climat : Expérimentations et Approches Numériques (LOCEAN) et à l'Institut Jean Le Rond d’Alembert, établissements sous tutelle de Sorbonne Université.

« Le projet scientifique du Polar Pod est divisé en quatre axes* répondant à des thématiques d’actualité, et un axe transverse. Il s'agit de l'axe acoustique – active et passive – dont je suis le responsable », explique Cédric Cotté, sur le projet depuis ses prémices… il y a une dizaine d’années ! 
L’acoustique active consiste à émettre des sons depuis des dispositifs puis à les écouter. « Elle utilise des échosondeurs, sorte de sonars qui permettent de capter l’univers sonore sous-marin et estimer les populations d’organismes planctoniques de petite taille, les poissons et jusqu’aux plus grands prédateurs comme les baleines », précise Cédric Cotté. Ces types d’appareils seront installés sur la partie immergée du Polar Pod, à une profondeur pouvant aller jusqu'à 70 mètres, et recensera la biodiversité marine dans tous ses états, du plancton au mammifère. 
L’acoustique passive, elle, est capable, grâce à des hydrophones, d'analyser des sons d’origine humaine, biologique ou géophysique « comme le bruit émis par la banquise, les bateaux, les vagues ou les précipitations ».

À ses côtés, Olivier Adam, contacté par Jean-Louis Étienne il y a un peu plus d’un an pour travailler sur cette mission, est un spécialiste des émissions sonores des cétacés. Il transmet son expertise et conseille le célèbre explorateur sur les hydrophones qui vont être utilisés. « Grâce à eux, nous pourrons notamment poursuivre notre observation des baleines bleues, c’est une opportunité incroyable. » Et de poursuivre : « J’ai indiqué à Jean-Louis Étienne qu’il est très important que la plateforme soit la plus silencieuse possible, nous devons éviter toute nuisance sonore qui impacteront nos observations. » 
Espérons qu’il soit entendu !

Début de l’expédition : dernier trimestre 2024.



* Échanges atmosphère-océan ; Surveillance par télédétection satellite ; Impacts anthropiques ; Inventaire de la faune marine

Caractéristiques techniques du Polar Pod

  • Hauteur : 100 m pour affronter les plus grosses vagues
  • Poids : 1 000 tonnes
  • Poids du lest : 150 tonnes, stabilité verticale garantie !
  • Flotteur : treillis de 90 mètres en tubes d'acier
  • Nacelle : située à 10 mètres au-dessus de l’eau avec 3 étages et 2 passerelles de 15 mètres pour soutenir les capteurs de recherche
  • Matériaux utilisés : structure de la nacelle en aluminium et coque extérieure en acier spécial pour faire face aux plus violentes tempêtes

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