Formez-vous à l'intelligence artificielle !
Le 24 septembre 2020, Sorbonne Université a lancé la version française de la plateforme pédagogique « Elements of AI ».
Développé par l'Université d'Helsinki et l’entreprise Reaktor, ce cours en ligne gratuit a pour ambition de former, d’ici 2021, un pour cent des citoyennes et citoyens européens aux fondamentaux de l’intelligence artificielle (IA). En France, cette formation est portée par Philippe Esling, enseignant en informatique à la faculté des Sciences & Ingénierie et chercheur en IA à l’Ircam (institut de recherche et coordination acoustique/musique).
Quel est l’objectif de ce cours ?
Philippe Esling : Conçu pour être gratuit et ouvert à tous, ce cours est destiné à toute personne qui s’intéresse à l’IA sans prérequis en programmation ou en mathématiques.
L’objectif est de démocratiser l'IA en donnant à chacune et chacun, quel que soit son niveau de revenu ou de formation, les outils nécessaires pour comprendre le monde de demain à travers le prisme de cette nouvelle technologie.
Comment est née cette initiative ?
P. E. : À l’instar de l’outil informatique, l’IA va progressivement devenir une compétence indispensable dans la société. Nous constatons aujourd’hui une accélération technologique exponentielle, avec un doublement de la puissance de calcul tous les trois à quatre mois. À l'ère de la transformation numérique, il est donc important de donner à toutes et tous les clés pour comprendre les évolutions technologiques et leur impact sur nos vies.
C’est dans ce contexte que la présidence finlandaise du Conseil de l'Union européenne (UE) a décidé d'investir dans les compétences futures des citoyennes et citoyens en développant cette plateforme pédagogique. Ce cours, dont la traduction est assurée par la Commission européenne, sera déployé dans tous les pays de l’UE d’ici 2021.
L’IA suscite de nombreux fantasmes. Que va apporter cette formation ?
P. E. : Il y a beaucoup d'illusions autour de l'IA. Elle est souvent associée à tort à l’image de Terminator. Beaucoup de personnes pensent qu’elle va remplacer les humains dans de nombreux domaines. Cette méconnaissance de l’IA créé un décalage entre ce qu’elle permet vraiment de faire et l’envie de sensationnalisme autour de ce sujet.
« Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie », écrivait l’auteur de science-fiction Arthur C. Clarke. Cela signifie que lorsque nous ne connaissons pas les mécanismes qui régissent une technologie, nous avons tendance à penser que son fonctionnement est magique. Pour pouvoir démystifier l’IA, il faut donc en connaître les mécanismes. C’est l’un des objectifs de cette formation : encourager les gens à comprendre son fonctionnement, à identifier ses applications réelles et ses implications, tout en reconnaissant ses limites.
Pourquoi Sorbonne Université a-t-elle été choisie pour porter cette formation en France ?
P. E. : Sorbonne Université est l’une des plus grandes universités françaises en termes de recherche et d'enseignement. Grâce à ses facultés des Lettres, de Médecine et de Sciences & Ingénierie, elle dispose, avec ses partenaires de l’Alliance, de forces considérables tant sur les aspects fondamentaux de l’IA (en mathématiques, en informatique, en robotique), que sur ses applications (en santé, en environnement ou encore en création artistique) ou qu’en matière d’humanités numériques.
Au total, ce sont plus d’une centaine d’expertes et experts issus de nombreux laboratoires qui sont directement impliqués dans des recherches en IA. Des forces qui sont aujourd’hui fédérées au sein de SCAI, un centre d’excellence dédié à la recherche, l’enseignement et l’innovation en matière d’IA.
Sorbonne Université a donc tous les atouts pour porter cette formation ambitieuse « Elements of AI ».
Qu’allons-nous apprendre lors de cette formation ?
P. E. : Sur une durée totale de 30 à 60 heures, le cours expose les implications de l'IA dans des situations réelles de la vie quotidienne à l'aide d'exercices interactifs. Composé de six sections, il aborde des notions telles que les réseaux de neurones, l'apprentissage machine ou les enjeux sociétaux.
Le cours comporte à la fois des exercices gérés de façon automatique (type QCM), mais aussi des questions plus ouvertes et un espace de discussion avec les enseignantes et enseignants.
Quel va être le rôle de l’université dans le déploiement de la plateforme ?
P. E. : Nous travaillons à l’adaptation de la plateforme pour le public français. Nous serons quatre (trois doctorantes et doctorants et moi-même) à assurer le suivi pédagogique des apprenantes et apprenants. Nous apporterons des réponses sur des points de réflexion et de compréhension aux personnes qui voudraient plus d'informations ou qui n'ont pas compris certains éléments du cours. Car non, il n’y a pas encore d'IA suffisamment avancée pour répondre à des questions sur l'IA !