Mariette Gibier à droite au micro © Juliette Dupuis
  • Recherche

La doctorante Mariette Gibier remporte un prix pour son projet Green Bioplastics

Mariette Gibier, doctorante au Laboratoire de Biologie Computationnelle et Quantitative de l’Institut de Biologie Paris-Seine (Sorbonne Université/CNRS/Inserm), a remporté la première place des trophées Climat & Biodiversité de la Fondation Maud Fontenoy, dans la catégorie Océan & Innovation, pour son projet Green Bioplastics. Il est le résultat d'une coopération entre les équipes de recherche et développement et d'emballage des Laboratoires Pierre Fabre et la biofonderie de l'Alliance Sorbonne Université qui héberge les travaux de Mariette.

Pouvez-vous nous présenter brièvement le projet Green Bioplastics ?
Mariette Gibier :
Green Bioplastics vise à produire des bioplastiques à partir de microalgues, qui serviront ensuite à fabriquer des emballages pour tous types de produits. Nous travaillons en collaboration avec les laboratoires Pierre-Fabre pour les concevoir. 
Les microalgues sont capables de capturer le dioxyde de carbone pour le transformer en bioplastique. Elles réalisent la photosynthèse, comme les plantes, ce qui leur permet de fixer le CO2 atmosphérique ou industriel dans leur biomasse. 
Le terme « bioplastique » couvre une large gamme de polymères. Je tiens à préciser que nous développons des bioplastiques à la fois biosourcés et biodégradables.

Où se fait la culture des microalgues pour ce projet ?
M.G. :
Nous cultivons les algues à la biofonderie et collaborons avec l'Observatoire océanologique de Banyuls, qui est également un partenaire des laboratoires Pierre-Fabre. Si le projet se développe, nous pourrions d’ailleurs renforcer cette collaboration avec d’autres stations marines de Sorbonne Université.

Vous parlez d'une méthode plus écologique de production de bioplastiques. Comment celle-ci se compare-t-elle aux méthodes traditionnelles ?
M.G. :
Notre méthode réduit considérablement l'empreinte carbone par rapport aux méthodes traditionnelles qui utilisent des plastiques pétro-sourcés ou des bactéries nourries au sucre. 
Une fois que le bioplastique a rempli sa fonction, il peut être biodégradé par des microorganismes en quelques mois ou quelques années, contrairement aux plastiques conventionnels qui persistent des milliers d’années dans l'environnement et causent une pollution généralisée.

La principale différence entre vos bioplastiques et les plastiques conventionnels réside donc dans son caractère biodégradable ?
M.G. :
Tout à fait ! Les microorganismes peuvent digérer le carbone piégé dans ces bioplastiques pour le réutiliser. Au contraire, les plastiques conventionnels issus de l'industrie pétrochimique sont ultrarésistants et se fragmentent en microplastiques, ce qui entraîne une pollution durable des sols et des océans.
Une autre différence majeure est que nos bioplastiques sont parfaitement renouvelables, car ils ne sont pas fabriqués à partir de sources fossiles ou de biomasse, mais directement à partir de CO2.

Quels sont les défis associés à la production de bioplastiques à partir de microalgues ?
M.G. :
Les microalgues ont l'avantage de ne pas entrer en compétition avec l'agriculture pour les terres arables, contrairement aux bioplastiques produits à partir de maïs, de pomme de terre ou de canne à sucre. Les algues peuvent être cultivées dans des photobioréacteurs  — un système assurant la production de microorganismes photosynthétiques en suspension dans l’eau — sans nécessiter de terres spécifiques.
De plus, contrairement aux bioplastiques traditionnels, produits par des bactéries à partir de biomasse, nos algues utilisent du CO2 et de l’énergie solaire, ce qui réduit considérablement l'empreinte carbone de la production.

Comment votre projet peut-il contribuer à la préservation des océans notamment ?
M.G. :
Les plastiques biodégradables réduisent le risque de pollution à long terme. Même s'ils se retrouvent dans l'environnement, ils se dégradent plus rapidement et de manière plus écologique que les plastiques conventionnels.

Depuis combien de temps travaillez-vous sur ce projet et quelles sont vos perspectives pour l'avenir ?
M.G.
: Je suis en deuxième année de thèse et nous visons l'horizon 2030 pour une utilisation de ces nouveaux emballages. Nous continuons à développer le projet avec Pierre Fabre et envisageons de collaborer avec d’autres industriels pour augmenter la production et, à terme, créer des prototypes d’emballages en bioplastiques. L’industrialisation n’est pas pour tout de suite, mais nous avançons !