Siamang naturalisé - collection de zoologie, Sorbonne Université
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Musealia - le siamang, l'acrobate des forêts

Tous les mois, Sorbonne Université fait découvrir à sa communauté et au grand public un objet issu de ses collections patrimoniales.

Ce mois-ci, découvrez un spécimen de siamang conservé au sein de la collection de zoologie. Naturalisé au 19e siècle en position bipède et prenant appui sur un bâton, ce singe est pourtant l’un des animaux les mieux adaptés à la brachiation rapide au sommet des forêts.

Le cycle Musealia est piloté par la Bibliothèque de Sorbonne Université, et notamment par son Pôle Patrimoine.

. Musealia - le siamang, l'acrobate des forêts

Le siamang

Oublié au fond d’un placard depuis de longues années, un singe naturalisé a suscité un intérêt soudain suite au déménagement de la collection de zoologie. Le siamang, une espèce apparentée des gibbons, habite la canopée des forêts tropicales du sud-est de l’Asie. La connaissance du siamang en Europe a été tardive et ce sont Etienne Geoffroy Saint-Hilaire et Frédéric Cuvier les premiers à en parler en 1821. D’après eux, il s’agissait sans doute d’un type de gibbon mais certains traits, comme la direction des poils de l’avant-bras et l’existence d’une grande poche laryngienne, rapprochaient l’espèce de l’orang-outang. Le seul caractère propre était la réunion des doigts index et médius des pieds par une membrane jusqu’à la dernière phalange, raison pour laquelle Syndactyle a été le premier nom proposé pour l’espèce.

L’origine du spécimen de Sorbonne Université n’était pas connue. Fort heureusement, une note trouvée aux Archives Nationales a apporté l’information manquante. En 1826, la Faculté des Sciences a versé 120 francs pour l’achat d’un « orang syndactyle monté ». L’auteur du montage a été Florent Prévost, premier préparateur à la Sorbonne. La naturalisation de la peau, en position bipède et prenant appui sur un bâton, rappelle fortement le jocko de Buffon.

Siamang prenant appui sur un bâton, collection de zoologie de Sorbonne Université

Une telle attitude fait également écho à la description du comportement des siamangs que Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier font dans leur ouvrage :

« (…) leurs corps, trop haut et trop pesant pour leurs cuisses courtes et grêles, s’incline en avant, et leurs deux bras faisant l’office d’échasses, ils avancent par saccades, et ressemblent ainsi à un vieillard boiteux à qui la peur ferait faire un grand effort ».

Un bien triste portrait pour l’un des animaux les mieux adaptés à la brachiation rapide au sommet des forêts ! De toute évidence, lors des années 1820, l’approche naturaliste n’était pas encore rentrée dans l’étude des animaux à l’université…

Par Santiago Aragon, responsable de la collection de zoologie à Sorbonne Université.

Fiche technique

  • Dénomination/Type : Siamang (Symphalangus syndactylus) naturalisé.
  • Numéro d’inventaire : Réserve-421
  • Description : Taxidermie ancienne sur planche en bois (l. 50 cm ; h. 95 cm ; p. 55 cm).
  • Date : 1826
  • Lieu de conservation : Collection de zoologie

Bibliographie

  • Etienne GEOFFROY SAINT-HILAIRE et Frédéric CUVIER, "Le Siamang" dans Etienne GEOFFROY SAINT-HILAIRE et Frédéric CUVIER, Histoire naturelle des mammifères […], Paris, Lasteyrie, 1821.
  • Santiago ARAGON, "Collections pédagogiques universitaires et construction de savoirs naturalistes", dans Dominique JUHE-BEAULATON, Vincent LEBLAN  (sous la dir.), Le spécimen et le collecteur. Savoirs naturalistes, pouvoirs et altérités (XVIIIe-XXe siècles), Paris, Muséum national d’Histoire naturelle, 2018, pp. 250-275 (Archives ; 27).