Un petit rouge qui vous veut du bien : les avantages de la couleur rouge chez le zooplancton

Une revue de la littérature sur la pigmentation des copépodes, parue dans Ecosphere, met en évidence les conditions écologiques propices à la coloration de ces petits crustacés planctoniques à l’échelle globale. Grâce aux propriétés antioxydantes de l’astaxanthine, leur rougeur apporte des effets positifs sur la croissance, la survie, et la reproduction en jouant un rôle de « couteau suisse ».

Vous vous trouvez près d’un lac, au bord d’une rivière, sur une plage ou au milieu de l’océan. Si par un beau matin, vous décidiez d’aller à la pêche à l’aide d’un filet à maille très serrée (comme un bas de nylon), c’est presque certain que vous trouverez un copépode. Et pour cause : ce sont les animaux les plus abondants de la planète ! Comme ils ne sont pas plus gros qu’un grain de riz, il vous faudra un bon zoom pour admirer ce lointain cousin des crevettes. Et si vous avez de la chance, il aura une belle couleur orangée, rouge intense, ou même bleu turquoise.

Des fleurs aux oiseaux, tous les êtres vivants colorés partagent un même problème : s’habiller en couleur, ça coûte cher. En effet, il faut de l'énergie pour produire un pigment et on ne passe pas vraiment inaperçu...

Alors, pourquoi certains copépodes prendraient-ils la peine de se colorer ainsi ?

Pour répondre à cette question, une revue de la littérature scientifique a été réalisée par des chercheuses et des chercheurs de l’Université Laval (Canada) et de Sorbonne Université (France), en collaboration avec des équipes de Norvège, de Pologne et d’Allemagne. Il en ressort que ces molécules colorées jouent un rôle de véritable “couteau suisse moléculaire” pour favoriser la survie des copépodes, en particulier grâce à leurs excellentes propriétés antioxydantes (son utilisation est aussi prometteuse pour lutter contre les maladies cardiovasculaires et les cancers chez les humains).

Les différents écosystèmes aquatiques où des copépodes  colorés ont été observés © Laure Vilgrain

Ces pigments peuvent servir de protection contre des molécules dangereuses produites en cas de stress (croissance rapide, grande activité métabolique) ou induites par l’environnement (les rayons ultraviolets ou les pollutions par exemple). Mais ce n’est pas tout : l’apparence colorée des copépodes peut jouer sur la façon dont ils sont perçus et choisis par leurs prédateurs. Les pigments du plancton peuvent transférés dans les réseaux trophiques et bénéficier à leurs prédateurs comme certaines espèces de poissons ou de mammifères marins (la baleine noire de l’Atlantique Nord, par exemple). Plusieurs pistes de recherches sont ouvertes dans cet article, et notamment celle-ci : quels mécanismes génétiques permettent aux copépodes de faire varier l’intensité de leur couleur aussi rapidement (parfois en quelques heures seulement) ?


Vilgrain L., Maps F., Basedow S., Trudnowska E., Madoui A., Niehoff B., Ayata S-D. (2023). The true colors of copepods: astaxanthin pigmentation as an indicator of fitness. Ecosphere

Contact

Laure Vilgrain

Doctorante en co-tutelle entre Sorbonne Université et l’Université Laval au Canada, LOCEAN/Takuvik