illustration de la circulation atmosphérique et de la structure thermique de WASP-43 b modélisées à l'aide du Generic PCM. La gradation de couleur représente l'évolution spatiale de la température, du plus chaud côté jour (jaune-rouge) aux températures les plus froides du côté nuit permanent (violet).

Une pluie de roches dans la nuit des atmosphères d’exoplanètes géantes chaudes ?

En utilisant des observations du télescope spatial JWST ainsi qu’un modèle de climat développé spécialement pour l’étude des exoplanètes, une équipe menée par un doctorant de l’Observatoire de Paris et du Laboratoire de Météorologie Dynamique a montré l’existence de nuages de roches dans l’hémisphère nuit exoplanètes géantes chaudes. Ces résultats sont publiés dans la revue Atronomy & Astrophysics.

 

Parmi les quelque 5500 exoplanètes découvertes à ce jour, les planètes de type Jupiters Chauds sont abondamment observées et caractérisées par des télescopes au sol et dans l’espace, afin de comprendre les mécanismes régissant leurs atmosphères. Notamment, le nouveau télescope spatial James Webb (JWST) permet de sonder ces atmosphères avec une précision et une couverture spectrale inégalée.

Une particularité de ces planètes à courte période orbitale (quelques jours) et fortement irradiées est de présenter toujours la même face à leur étoile (comme la Lune autour de la Terre). Ceci induit un très fort contraste thermique entre le côté jour permanent (entre 1000-1800℃) et le côté nuit permanent (entre 500-1300 ℃).

En complément des observations réalisées par le JWST, une équipe française composée d’astrophysiciens de l’Observatoire de Paris, du Laboratoire de Météorologie Dynamique, du CEA et de l’Université de Bordeaux a développé un Modèle de Climat Global (GCM), un modèle numérique tridimensionnel de simulation des atmosphères planétaires prenant ses racines dans l’étude du climat terrestre, afin d'interpréter les observations et de comprendre les processus physiques, dynamiques et chimiques contrôlant ces atmosphères exotiques

En particulier, l’équipe scientifique s’est concentrée sur la question des nuages pouvant exister sur le côté nuit de ces planètes, leur impact sur la structure thermique et dynamique de l’atmosphère, ainsi  que leurs effets sur les observations.

L’étude porte sur le cas d’un Jupiter Chaud, WASP-43 b, récemment observée avec le spectromètre à basse résolution dans l’infrarouge moyen du JWST, l’instrument MIRI-LRS. Les simulations numériques montrent que des nuages se forment naturellement sur le côté nuit de la planète, et ont un effet de serre réchauffant sur l’atmosphère. De plus, les nuages modifient la circulation atmosphérique, réduisant notamment la vitesse des vents.

La comparaison aux observations confirme la présence de nuage sur le côté nuit de la planète mais pas sur le côté jour. Pour les conditions de température de WASP-43 b, ces nuages devraient être composés de particules rocheuses, mais leur composition n’est pas encore clairement identifiée.

 


Référence : Teinturier, L., Charnay, B., Spiga, A., Bézard, B., Leconte, J., Mechineau, A., Ducrot, E., Millour, E., & Clément, N. (2024). The radiative and dynamical impact of clouds in the atmosphere of the hot Jupiter WASP-43 b. Astronomy & Astrophysics. https://doi.org/10.1051/0004-6361/202347069

Contact

Lucas Teinturier

PhD student
LESIA-Observatoire de Paris
LMD-SU