Un enseignement à la croisée des arts et de la chimie
Créée en 2017, l’unité d’enseignement (UE) « interdisciplinarité et matériaux du patrimoine » (IMAP) a pour ambition de dépasser le clivage entre sciences humaines et sciences dures.
Fortement adossé à la recherche de trois laboratoires (le laboratoire d’Archéologie moléculaire et structurale (LAMS), le Centre André Chastel, l’équipe Rome et ses renaissances), cet enseignement réunit des étudiants de chimie et des étudiants d’histoire de l’art et d’archéologie de Sorbonne Université autour de projets d’études transversaux.
Découvrir d’autres cultures scientifiques
Faire collaborer ensemble des étudiants de chimie et d’histoire de l’art, c’est le pari de l’UE IMAP. A travers un même enseignement assuré par 5 enseignants de la faculté des Sciences et 5 enseignants de la faculté de Lettres, les étudiants acquièrent un langage commun pour décrypter les secrets des matériaux utilisés dans le patrimoine culturel. Ce cours offre aux étudiants de master de chimie une ouverture sur le monde des arts et aux étudiants d’histoire de l’art et archéologie une initiation aux analyses physico-chimiques des œuvres.
« A partir de deux points de vue différents, celui de l’histoire de l’art et celui de l’analyse physico-chimique, nous étudions les mêmes questions. Les étudiants apprennent à travailler ensemble et à partager leur culture scientifique avec des étudiants d’une discipline complètement différente », explique Maguy Jaber responsable, avec Emmanuelle Rosso, de l’UE IMAP.
Ce cours commun est complété par des enseignements d’approfondissement adaptés à la spécialisation d’origine de chaque étudiant autour de thématiques communes comme la couleur, les pigments ou la physicochimie des minéraux utilisés dans le domaine du patrimoine ou de la cosmétique.
Expérimenter une pédagogie innovante
Pour soutenir l’ambition de cet enseignement original, les enseignants ont mis en place un apprentissage par projet permettant aux étudiants de construire ensemble une véritable interdisciplinarité.
Une sortie sur le terrain au début du semestre permet d’impulser la dynamique de groupe.
« Cette sortie est l’occasion de mieux se connaître et de constituer des équipes pluridisciplinaires entre chimistes et historiens de l’art », précise Maguy Jaber.
Pendant 4 mois, chaque équipe poursuit l’étude d’une thématique particulière (la couleur dans l’Egypte antique, les pigments dans la peinture de Nicolas Poussin, les oxydes de fer ou encore la teinture des tissus…). Encadrés par un enseignant ou un chercheur, ils confrontent leur vision de chimistes ou d’historiens de l’art pour aboutir à la réalisation d’un court-métrage à destination du grand public expliquant leur travail de recherche. Pour cela, ils bénéficient du savoir-faire de professionnels de l’audiovisuel, comme Vassiliki Michou, qui les coachent dans la communication et la vulgarisation de leurs recherches à travers la vidéo.
« Ce cours m’a permis d’apprendre à travailler avec de nombreux intervenants de disciplines différentes, avec des références et des méthodes complémentaires. L’apport humain a été l’un des points majeurs de ce cours. Parce que nous n’avions pas tous les mêmes parcours, ni les mêmes aspirations, nous avions beaucoup de choses à apprendre les uns des autres », explique une étudiante en archéologie.
S’immerger dans un laboratoire de recherche
Véritable immersion dans le monde de la recherche, l’UE IMAP permet aux étudiants de découvrir ou de redécouvrir la vie d’un laboratoire. Ils apprennent à réaliser la bibliographie de leur étude, à échanger autour des articles scientifiques, à chercher ensemble comment présenter le sujet de façon accessible à tous.
« J’avais envie, en tant qu’étudiante en histoire de l’art, de réintégrer les sciences dans mon parcours. Ce projet m’a permis d’aborder des points techniques et de voir ce qu’est le travail de chercheur au sein d’une équipe pluridisciplinaire », indique une étudiante en histoire de l’art.
Le LAMS met à disposition le matériel d’analyse et de synthèse physico-chimiques nécessaires aux projets des étudiants. Les doctorants, enseignants et chercheurs du laboratoire les soutiennent dans leur démarche expérimentale. Ils les aident à élaborer leurs hypothèses, à définir leur protocole et à réaliser leurs expériences.
« C’est souvent une première pour les étudiants en histoire de l’art d’entrer dans un laboratoire. Ils découvrent le travail expérimental. Ils apprennent, par exemple, à synthétiser du bleu égyptien, à corriger leur recette. Ils apprécient tous beaucoup ce travail scientifique », explique Maguy Jaber.