Anthony Leboissetier
Ingénieur à la NASA
Conserver et renforcer le lien avec Sorbonne Université
Ingénieur à la NASA, Anthony Leboissetier étudie l’évolution de la banquise et son impact sur le changement climatique. Ce docteur en mécanique des fluides de Sorbonne Université revient sur son parcours qui l’a mené des bancs du campus Pierre et Marie Curie au NASA Goddard Institute for Space Studies de New York.
Vous animez le Club des alumni de New York. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rôle ?
Anthony Leboissetier : Le Club existe depuis 2017 et compte à ce jour 120 membres originaires de toutes les facultés de Sorbonne Université. En collaboration avec la Direction des Relations Alumni de Sorbonne Université, nous organisons avec d'autres alumni de la région de New York (dont Georges Leclere, Arthur Hertling et Florence Chaverneff) des happy hours, des visites de musée, des colloques, etc., pour entretenir et développer le réseau de notre communauté.
Relayés via notre groupe LinkedIn, ces évènements sont l’occasion pour nos membres, qui partagent la même expérience universitaire, de se rencontrer, d’échanger et de renforcer le lien avec Sorbonne Université. Cela nous permet aussi de les tenir au courant de l’actualité de la Fondation de l’université, notamment des campagnes de levée de fonds.
Enfin, si les étudiants de Sorbonne Université sont amenés à venir étudier à New York, ils peuvent bien sûr nous contacter s’ils ont des questions sur leur installation dans la région.
Vous avez suivi tout votre cursus, de la licence au doctorat, à Sorbonne Université. Quels souvenirs en gardez-vous ?
A. L. : Je garde d’excellents souvenirs de mes neuf années passées sur le campus de Jussieu.
J’ai choisi de m'orienter vers la mécanique des fluides principalement par passion pour l’aéronautique, l’aérospatial et la physique en général. Omniprésente aussi bien dans la conception des moteurs de fusées que dans la compréhension du flux sanguin ou de la circulation océanique, cette discipline offrait aussi de nombreux débouchés scientifiques et professionnels.
Lorsque je viens à Paris, je retourne régulièrement dans le laboratoire où j’ai fait mon doctorat saluer mes anciens camarades thésards qui sont maintenant en poste à Sorbonne Université. Je ne manquerais pour rien au monde notre dîner annuel. Une tradition qui perdure depuis 2002 ! Et je dois reconnaître que le campus actuel est beaucoup plus agréable à vivre et à étudier qu’il ne l’était il y a trente ans, avant sa rénovation.
Vous travaillez à la NASA. Comment avez-vous intégré l’agence spatiale américaine après vos études ?
A. L. : Après ma licence et ma maîtrise, j’ai fait un stage de DEA (actuel Master 2) au sein de la Direction de la Recherche de Renault sur la simulation numérique des fluides dans les moteurs. J’ai poursuivi en thèse sur ce même sujet dans le cadre d'un contrat CIFRE en partenariat entre Renault et l'Institut Jean Le Rond D’Alembert de Sorbonne Université.
Quelques mois avant la fin de mon doctorat, une scientifique française qui travaillait dans un laboratoire de la NASA, le Jet Propulsion Laboratory (JPL) à Los Angeles, m'a proposé de rejoindre son équipe pour un postdoctorat. Souhaitant partir à l’étranger, cette offre qui combinait un sujet passionnant et une destination attrayante tombait à pic. J’ai donc quitté les moteurs de voitures pour les moteurs de fusées.
Depuis 2013, vous étudiez, au sein de la NASA, l’évolution de la banquise et l'impact de la fonte des glaces sur notre climat. Comment êtes-vous passé des moteurs de fusées à l’étude du réchauffement climatique ?
A. L. : L’une des missions de la NASA porte sur l’étude de la Terre et l'impact du réchauffement global. Un domaine qui nécessite aussi d’avoir des connaissances en mécanique des fluides.
Après trois ans au JPL, j’ai quitté la Californie pour la côte Est des États-Unis. J’avais envie de changement et la recherche sur le climat m’apparaissait comme un défi majeur passionnant.
J’ai alors rejoint New York et le NASA Goddard Institute for Space Studies (GISS) qui effectue des simulations numériques de notre planète sur un super-calculateur. C’était quelques mois avant la sortie du film d’Al Gore, An Inconvenient Truth, qui a marqué une véritable prise de conscience collective.
Deux ans plus tard, j’intégrai la NASA de façon permanente en travaillant d’abord sur l'atmosphère puis l'océan.
Aujourd’hui en charge des simulations de l’évolution de la banquise, j’ai commencé cette année un nouveau projet. Il vise à simuler les océans d'eau liquide présents sur certaines lunes de notre système solaire comme Europe ou Encelade. Son objectif : préparer les prochaines missions spatiales vers ces corps célestes.
Quel message aimeriez-vous faire passer aux étudiants de Sorbonne Université ?
A. L. : Je dirais qu’il est important d’avoir des objectifs précis dans son parcours universitaire, tout en sachant s’adapter et garder un esprit ouvert pour saisir de nouvelles opportunités.