Audrey Burzawa
Doctorante en CIFRE
Comprendre les attentes des deux parties, académique et industrielle, est crucial pour mener à bien une thèse CIFRE.
Audrey Burzawa est doctorante en 3e année à l’école doctorale Géosciences Ressources Naturelles et Environnement (ED 398 GRNE). Elle effectue son projet doctoral en géophysique, dans le cadre d’une convention CIFRE avec SNCF Réseau. Son directeur de thèse est Ludovic Bodet, maître de conférences à Sorbonne Université au sein du laboratoire METIS (UMR 7619, Milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydrosystèmes et les sols). Elle bénéficie également de l’encadrement industriel d’Amine Dhemaied, adjoint au chef de division coordination et Marine Dumesnil-Dangeard cheffe de projet géotechnicienne/géophysicienne, tous deux à SNCF Réseau dans la division Patrimoine Géotechnique et Risque Naturel (PGRN).
Un cursus 100 % Sorbonne Université
Audrey a commencé son cursus en Licence pluridisciplinaire Majeure Physique et Mineure Sciences de la Terre. Elle a ensuite poursuivi son parcours en Master de Géophysique et Géotechnique à Sorbonne Université. Elle a effectué son stage de première année de master au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) sur le traitement de données géophysiques et géotechniques. En seconde année de master, elle s’est renseignée pour son stage de fin d’étude auprès d’un intervenant extérieur, employé à SNCF Réseau, qui enseignait la géophysique appliquée au ferroviaire. Elle a alors passé un entretien à SNCF Réseau pour un stage, qui offrait la possibilité de poursuivre en doctorat par la suite, ce qu’elle a accepté sans hésitation.
Adapter des méthodes non destructives pour apprécier la qualité des sols sous les voies ferrées
Dans son sujet de thèse, Audrey cherche à améliorer le diagnostic des sols sous les voies ferrées en circulation. Ces sols, souvent peu considérés par la maintenance, sont régulièrement à l’origine de problématique de stabilité de la voie ferrée. Actuellement, il est très difficile d’avoir accès aux propriétés mécaniques du sol lorsque les voies sont circulées. Seuls des sondages carottés et analyses en laboratoire sur échantillon de sol permettent de connaître son état de santé. Mais ces dispositifs sont destructifs, coûteux et peu adaptés aux contraintes d’exploitation ferroviaires.C’est pourquoi SNCF Réseau a souhaité développer dans le cadre d’un projet de recherche et développement, des méthodes géophysiques, non destructives et à plus haut rendement.
La géophysique de proche surface est une discipline des sciences de la Terre qui vise à étudier les propriétés physiques du sol. Dans le panel des méthodes géophysiques, la méthode sismique, particulièrement basée sur la propagation des ondes mécaniques dites de « surface », est la seule qui permet de déterminer la qualité du sous-sol et si celui-ci peut soutenir la superstructure ferroviaire (rail-traverse-ballast). Dans sa thèse, Audrey utilise des capteurs, appelés géophones installés sur des tronçons spécifiques d’étude. À l’aide d’un coup de marteau sur une plaque en métal des ondes sismiques sont générées, elles se propagent et sont enregistrées afin de déterminer leur vitesse de propagation. Cette technique est connue à l’échelle de la Terre, mais dans le cadre de sa thèse, il a fallu l’adapter pour ausculter les premiers mètres de sols sous les voies ferrées. Aussi, Audrey a dû optimiser les dispositifs d’acquisition et les méthodes de traitement pour les rendre compatibles avec les contraintes d’exploitation ferroviaire.
La CIFRE : le travail en collaboration de deux mondes
Audrey est enthousiaste et recommande la CIFRE. Comprendre les attentes des deux parties, académique et industrielle, est crucial pour mener à bien une thèse CIFRE. Être financé par une convention CIFRE affranchit les étudiants du concours de l’école doctorale mais cela nécessite d’avoir un financement, une direction de thèse (i.e. un laboratoire) et une entreprise.
Au quotidien, son travail de thèse s’organise entre les locaux de SNCF Réseau et ceux du laboratoire METIS selon ses besoins. Elle réalise des mesures sur le terrain, les analyse puis les interprète. Elle développe également des méthodes innovantes pour mieux interpréter les données et les intégrer à des outils d’aide à la décision. Elle a d’ailleurs valorisé ses premiers travaux à travers la publication d’un article scientifique et a pu participer à deux conférences internationales au cours de ses deux premières années de thèse.
Elle reconnaît avoir la chance que sa thèse CIFRE se passe bien, tant par la fluidité des échanges avec et entre ses encadrantes et encadrants que les moyens mis à disposition pour réaliser ses recherches. Audrey reconnaît que la charge de procédures administratives auprès des deux institutions peut parfois être répétitif, mais cela permet d’allier les deux parties et d’adapter son discours auprès de publics différents. Concernant la rémunération, depuis la revalorisation du salaire des doctorants contractuels chargés de mission d’enseignement (CME) au cours des deux dernières années, le niveau de salaire est à peu près équivalent.
Un choix ouvert pour le projet professionnel
Audrey a commencé sa thèse en janvier 2022, et après 3 années de doctorat, va soutenir d’ici la fin de l’année 2024. La question du devenir professionnel est de plus en plus d’actualité. Audrey relate la possibilité de continuer dans l’entreprise en fonction du poste et du contexte proposé. Pour Audrey, le projet professionnel est ouvert, elle pourrait aussi bien s’engager en post-doc pour continuer son parcours professionnel dans l’académique ou accepter un poste industriel à SNCF Réseau ou dans un bureau d’étude.