Gabriel et Jonas Guerche

Étudiant et Alumnus entrepreneurs au sein du dispositif PÉPITE de Sorbonne Université

Porté par deux frères, le projet 52 Hertz est l’un des 26 projets sélectionnés au programme d'accélération PÉPITE Start'up de la Région Île-de-France.  

Nous nous sommes entretenus avec Gabriel et Jonas, co-porteurs du projet, au sujet de leurs parcours académiques et leurs projets professionnels afin de mieux comprendre l’utilité du produit qu’ils souhaitent lancer, les défis auxquels ils ont dû faire face et le chemin qu’il leurs reste à parcourir.  

© Photo : Association Sportive de Sorbonne Université - Section Plongée sous-marine. 

Quel a été votre parcours à Sorbonne Université ? 

Gabriel Guerche : Je suis fraîchement diplômé de la licence de Physique de la Faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université. Je prépare depuis Septembre 2019 le diplôme étudiant-entrepreneur au sein du PÉPITE SU (Pôle Étudiant Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat). Notre projet a été sélectionné au PÉPITE Startup IDF. Nous sommes actuellement suivis par les professionnels du PÉPITE SU, une chargée d’affaires de la SATT Lutech et un consultant sénior en stratégie d’entreprise, en plus des collaborations fructueuses entre autres avec le Département du Master Sciences pour l’Ingénieur à la Faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université. L’environnement de travail est très constructif et nous sommes ravis de faire partie de cette aventure.  

Jonas Guerche : J’ai intégré Sorbonne Université (anciennement UPMC) quelques années avant Gabriel. En validant ma licence de Physique fondamentale, j’ai décidé de suivre le master Management de l’Innovation. Je suis également diplômé des MINES ParisTech avec un Master Spécialisé Énergies Renouvelables (MS ENR), et c’est là où j’ai été suivi dans le cadre du PÉPITE PACA-Est. J’ai eu l’opportunité de valider un stage à la Direction de la Recherche et de l’Innovation (DR&I) de Sorbonne Université. En travaillant sur le réseau des Carnot et sur des thématiques en lien direct avec la recherche pour l’innovation des entreprises, je me suis rendu compte que la valorisation du triangle « études, recherche et industrie » revêt une importance capitale. Cette expérience m’a également permis de faire des rencontres qui allaient faciliter notre travail de jeunes entrepreneurs. 

Quel a été le déclic pour lancer ce projet?  

G.G : Notre passion commune pour la plongée sous-marine a fait que l’idée a germé lors d’une séance de plongée à Sorbonne Université. Nous étions tous les deux assez impliqués dans les associations étudiantes et notamment sportives. Nous avons eu cette idée lors d’une séance organisée par la section de plongée sous-marine de l’Association Sportive (AS) : l’idée consiste à construire un dispositif qui nous permettrait de communiquer entre nous sous l’eau. Le but de notre produit est de construire un talkie-walkie sous-marin pour les amateurs et professionnels de la plongée. Un tel appareil offrirait des opportunités d’amélioration de notre mode actuel de plongée. Il permettrait par exemple aux clubs de proposer des nouvelles offres telles que des randonnées aquatiques commentées et améliorerait la sécurité des palanquées et les possibilités de formation. Nous essayons de faire un appareil qui offre un son clair et intelligible, s’adapte entièrement à l’équipement existant, garde un prix abordable et soit innovant et écoresponsable. 

52 Hertz, ou le mystère entourant l’histoire de la baleine solitaire. Pourquoi ce choix de nom pour votre projet ?  

J.G : 52 Hertz est le nom que nous donnons à notre entreprise. La communication en générale et en milieu marin en particulier est très importante à nos yeux. En tout cas elle l’est pour la 52 Hertz, la baleine la plus solitaire au monde qui chante trop aigu pour être entendu par ses congénères. Faute d’avoir ces mécanismes anatomiques et physiologiques des cétacés, nous concevons ce produit pour faire en sorte que la solitude sous-marine soit atténuée pour les plongeurs. Je pense que ce besoin constant que nous avons ressenti nous-même était une incitation à créer ce talkie-walkie sous-marin.

Dans quelle phase du cycle de vie de votre produit vous trouvez-vous ?

J.G : Á ce jour, nous avons développé deux prototypes. Nous nous sommes concentrés sur trois aspects importants :  le prototypage de l’embout connecté, son impression en 3D et la transmission du signal. En ce qui concerne l’embout, que nous mettrons dans la bouche et qui nous permettra d’entendre le son, nous le construisons nous-même en utilisant la technologie des  imprimantes 3D. Nous avons également reçu beaucoup d’aide d'étudiants et de chercheurs membres de la section de plongée de l’Association Sportive, qui nous ont apporté leur soutien dans le travail logiciel et l’impression 3D. 

J.G : Á ce stade, nous nous penchons sur des questions administratives et nous travaillons sur l’amélioration du prototype. En ce qui concerne l’organisation générale, Gabriel est un peu plus sur le terrain, en charge des questions techniques et pratiques (le lien avec les PÉPITE, les différents collaborateurs, l’aspect marketing, etc.).  De mon côté, j’assume le back-office : gestion, organisation, identification des interlocuteurs privilégiés, etc. Je mène ce projet en parallèle avec mon emploi à temps plein dans le secteur des énergies renouvelables.

Quelles sont les pistes d’amélioration du produit que vous envisagez ?

G.G. : Nous avons beaucoup d’idées. Notre produit se veut écoresponsable, nous voulons que le boitier soit en plastique marin recyclé. Nous souhaitons aussi que notre entreprise participe d’une façon ou d’une autre à l’amélioration de la qualité de l’eau de mer. 

J.G. : En tant que plongeur, cette question est très importante à nos yeux. Les thématiques du réchauffement climatique et de la préservation des océans sont des thématiques majeures pour notre génération. Nous ferons de notre mieux pour que cet appareil et l’entreprise que nous lançons soient créés avec cette vision de la protection du milieu marin et de sa conservation.  

Qu’est-ce que vous a apporté l’entrepreneuriat étudiant ? 

G.G : Notre projet est à l’interface entre plusieurs domaines de connaissance. Une licence de physique est utile pour concevoir et comprendre le mode de fonctionnement d’un tel produit, mais il faut pouvoir accéder à d’autres savoirs. L’accompagnement proposé par le dispositif PÉPITE concerne les aspects marketing et juridique que je vais pouvoir appliquer directement à notre projet.  
Par ailleurs, le networking et les échanges avec des experts et des professionnels nous ont aidés à comprendre les différents points de vue et à essayer de les intégrer dans la conception de ce produit qui se veut être utile à toute personne pratiquant la plongée sous-marine.  

J.G. : Nous menons ce projet avec des âges un peu différents et donc les besoins et orientations diffèrent.  Quand j’ai commencé ce projet, j’avais déjà mon master de management de l’innovation en poche. Ce qui était vraiment bénéfique pour moi était l’accompagnement d’une chargée de projet qui m’aidait à m’organiser pour faire avancer ce travail.  
Je me permets également d’ajouter que le défi qui peut se poser aux jeunes entrepreneurs et aux porteurs d’innovation est lié à la partie business development et marketing ; je souligne l’importance de la mise en réseau et l’esprit d’initiative. C’est toujours important de consulter des experts et d’être source de proposition, collaboration et réseautage. Être accompagnés par PÉPITE rassure aussi nos interlocuteurs, c’est un facilitateur. 

En pleine crise sanitaire, vous avez certainement adapté votre activité entrepreneuriale. De quelle manière ?

G.G. : Jai commencé le programme Startup PÉPITE IDF à distance. Le PÉPITE SU et le Schoolab ont mis à notre disposition tous les cours en ligne. Ça sest globalement très bien passé. Nous avons eu des rendez-vous et un suivi continu et réactif sur beaucoup de points notamment la stratégie commerciale parmi dautres sujets.

J.G. : Tout s’est fait à distance, y compris les derniers échanges avec nos collaborateurs. Les PÉPITE et Schoolab disposent d’outils numériques performants et agiles. Nous avons eu de la chance par contre en passant un mois de confinement ensemble car mes sites de constructions ont fermé et je pouvais continuer mon travail à distance. Nous étions deux et avions tout le matériel de prototypage, ce qui nous a permis de bien avancer en dehors de mes heures de travail.

Vous avez certainement des endroits préférés de plongée. Pourriez-vous nous dévoiler votre liste des plus beaux endroits que vous recommandez? 

G.G. : Nous avons commencé à plonger ensemble grâce à l’AS de Sorbonne Université. Nous avions la possibilité de plonger à Banyuls-sur-mer, un des campus de l’Université et un lieu privilégié pour l’étude de la biologie marine et de l’océanographie. Nous plongeons souvent là-bas et nous sommes constamment en contact avec des chercheurs et les membres de la section de plongée de l’AS. C’était justement avec eux que nous avons partagé en premier notre idée de projet. 

J.G. : C’est vrai que Sorbonne Université a une chance incroyable d’avoir des Observatoire Océanologiques à Roscoff, Banuyls et Villefranche (Banuyls fait partie des plus beaux sites de plongée dans des réserves naturelles avec des mérous énormes et une faune et une flore incroyables). Nous plongeons également de temps en temps à Carantec, près de Roscoff, en Bretagne où il fait un peu plus froid mais ça a son charme aussi. J’ai plongé également en Nouvelle Calédonie et au Brésil (nous sommes franco-brésiliens et nous plongeons souvent à Ilha Gande, là où il y a énormément de tortues marines). Ce sont pour moi des vrais paradis zoologiques, et l’expérience de plongée dans ses eaux est transformatrice. 

FILM 52 HERTZ