J. S. Sun - Crédits : MNHN-AGNES IATZOURA

Jian-Sheng Sun

Copilote du programme thématique "Approche globale de la santé" du projet SOUND

Le programme SOUND a un rôle essentiel, celui de porter la connaissance scientifique au service de la société, des citoyens, des décideurs et des acteurs socio-économiques.

Professeur au Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN) où il dirige le département scientifique Adaptations du vivant, Jian-Sheng Sun revient sur les objectifs et les enjeux du programme thématique « Approche globale de la santé » qu’il copilote avec Alexandre Escargueil dans le cadre du projet SOUND.

Décrivez-nous, en quelques mots, votre parcours et vos fonctions actuelles.

Jian-Sheng Sun : Biophysicien et professeur au MNHN, j’ai mené une double carrière public/privé. Mes travaux de recherche académiques portent sur l'étude des structures et fonctions des acides nucléiques. En 2006, j'ai cofondé et dirigé la biotech DNA Therapeutics pour développer un candidat médicament anticancéreux issu des résultats de recherches fondamentales et dont le mécanisme d'action n'avait jamais été testé chez l'homme. Après dix ans de détachement dans le milieu de l’industrie pharmaceutique, j’ai réintégré le MNHN où je dirige depuis 2017 le département scientifique "Adaptations du vivant". Je collabore étroitement avec mes collègues en charge des départements "Origine et Evolution" et "Homme et Environnement" pour animer des activités transversales au sein du Muséum : recherche, collections, enseignement et formation, expertise et diffusion.

Au-delà de ces fonctions, je représente également le MNHN au conseil d’administration du domaine d’intérêt majeur (Dim) OneHealth ayant pour objectif de développer le concept santé intégrative axé sur l'interdépendance de la santé humaine, animale et environnementale dans le domaine de l’infectiologie. Je participe également au comité des tutelles du programme prioritaire de recherche sur l’antibiorésistance et du programme de recherche PREZODE. Ce dernier vise à comprendre les facteurs de risque associés à l'émergence des zoonoses et les mécanismes écologiques et épidémiologiques sous-jacents avec le but ultime de proposer des stratégies de gestion des socio-écosystèmes résilients à ces émergences ainsi que des systèmes de surveillance et de détection précoce.

Pouvez-vous nous présenter quels sont, selon vous, les objectifs et les enjeux du projet SOUND ?

J.-S. S. : L'humanité est confrontée d’une part aux limites planétaires, celles liées aux ressources de toutes sortes, et d’autre part aux inégalités et à l’injustice sociales. Nous devons donc faire face à ces doubles défis interdépendants. La santé fait partie de ces enjeux. Et notre rôle en tant que scientifique est d’alerter la société, les citoyens, mais aussi les décideurs et les industriels sur ces enjeux afin de changer la trajectoire sur laquelle nous sommes et de le ramener dans une zone soutenable.

En cela, je trouve que le programme SOUND a un rôle essentiel : celui de porter la connaissance scientifique au service de la société, des citoyens, des décideurs et des acteurs socio-économiques.

Pourquoi avez-vous eu envie de devenir pilote d’un programme thématique ?

J.-S. S. : De par nos fonctions, nous sommes déjà très sensibilisés, au sein du MNHN, au fait de diffuser nos connaissances scientifiques au grand public, aux acteurs socio-économiques, mais aussi auprès de nos décideurs, à travers notamment la mission d’expertise institutionnelle.

Etant déjà impliqué dans ce genre d’action, j’ai eu envie de m’investir davantage, et sur le long terme, au sein du programme SOUND, avec mon collègue Alexandre Escargueil, en continuant à développer la thématique de la santé intégrative selon le concept de One Health au-delà des frontières du MNHN.

Quel sera votre rôle en tant que pilote ?

J.-S. S. : Avec Alexandre Escargueil, nous voulons faire des liens entre les trois programmes thématiques de SOUND. Nous avons donc proposé des axes transversaux comme celui de l’alimentation qui questionne à la fois l’aspect des ressources planétaires, celui de la prévention des maladies (diabète, obésité…), mais aussi celui des sciences humaines et sociales puisqu’il s’agit d’un sujet éminemment culturel et comportemental.

L’autre axe que l’on souhaite développer est celui de l’exposome, c'est-à-dire toutes les expositions physiques, chimiques, biologiques qui affectent la santé du vivant : gaz à effet de serre, pesticides, etc. Là encore cette thématique rejoint les autres programmes thématiques de SOUND puisque ces pollutions proviennent notamment de l'exploitation inadéquate des ressources et interrogent la façon dont la société humaine les utilise.

Nous souhaitons également aborder d'autres approches comme celle par exemple de la santé mentale.

Comment pensez-vous travailler avec les instituts et les initiatives ?

J.-S. S. : Nous avons identifié trois niveaux d’approche au sein de la communauté. Dans les facultés, la recherche est souvent disciplinaire. Au niveau des instituts et des initiatives, elle est interdisciplinaire et thématique. Le projet SOUND apporte, quant à lui, un aspect supplémentaire avec une vision pluridisciplinaire, thématique mais aussi tournée vers la société.

Nous allons, au préalable, faire un travail d’identification des actions déjà menées dans les facultés, les instituts et initiatives autour de la santé intégrative afin d’avoir un effet structurant au niveau du projet SOUND. Il va s’agir, pour nous, de voir comment valoriser et diffuser auprès de la société les recherches fondamentales qui sont faites sur ce sujet au sein des facultés, des instituts et des initiatives pour les amplifier et leur donner une meilleure visibilité.