Lina Sami
Prix du public de la finale Ma Thèse en 180 secondes de Sorbonne Université
Ce concours brise les stéréotypes du savant fou qui travaille seul dans son laboratoire et peut inspirer des étudiantes et étudiants à poursuivre en doctorat.
Originaire du Maroc, Lina Sami est arrivée en France après son bac pour suivre une licence de biologie. Aujourd’hui, doctorante de deuxième année dans l'école doctorale Cerveau, cognition, comportement à l’Institut du cerveau, elle a remporté le prix du public de la finale Ma Thèse en 180 secondes de Sorbonne Université.
Pourriez-vous nous retracer votre parcours en quelques mots ?
Lina Sami : Passionnée par les mystères du cerveau, je me suis inscrite, après ma licence de biologie à Paris Sud, en master de neurosciences international à l’université Paris-Cité. Tout au long de mon cursus, j'ai effectué plusieurs stages pour mieux orienter mon parcours et j’ai eu la chance d’intégrer en master 2 le laboratoire Baulac-Leguern à l’Institut du cerveau dans lequel je poursuis actuellement mon doctorat en neurogénétique. Entre-temps, on m’a diagnostiqué une épilepsie. Et, même si ce n’en est pas la raison première, cela a contribué à mon choix et à mon envie de faire de la recherche dans ce domaine.
Pourquoi avoir participé au concours Ma Thèse en 180 secondes (MT180) ?
J’ai découvert ce concours grâce à un professeur en master qui faisait de la vulgarisation scientifique. Je m’étais dit que j’essaierai d’y participer et mes collègues m’ont beaucoup soutenue dans ce projet. C’était un réel challenge pour moi car je suis de nature assez timide. J’ai voulu tenter l’expérience malgré tout notamment pour partager mes résultats de recherche au plus grand nombre et pour surmonter ce défi ! C’est aussi une histoire de famille car mon cousin a participé à ce même concours avec l’université de Nice.
Expliquez-nous, en quelques mots, le sujet de votre thèse ?
L. S. : Il porte sur une forme d’épilepsie focale et résistante à tous les antiépileptiques chez les enfants. Pour les soigner, le seul traitement actuel consiste à retirer chirurgicalement la zone cérébrale atteinte. Avec le consentement des familles, je peux analyser un échantillon de cette zone réséquée pour en extraire l’ADN et trouver la cause génétique de cette épilepsie.
Mon objectif est d’identifier des mutations génétiques, qui ne sont pas germinales (transmises par les parents), mais somatiques (qui apparaissent ici spontanément dans le cerveau du fœtus). Ces mutations n’affectent que quelques neurones parmi des millions, ce qui rend leur identification difficile. Mais, ce n’est pas tout. Il faudra aussi comprendre les fonctions de la mutation et comment elle induirait cette épilepsie, en créant des modèles biologiques. À terme, cela permettra d’améliorer le diagnostic génétique et, je l’espère, développer des thérapies pour cibler directement cette mutation.
Comment avez-vous été préparée à ce concours et quelles ont été les principales difficultés à surmonter ?
L. S. : Pendant mes répétitions, je n’arrivais pas à synthétiser mon sujet en trois minutes. Je débordais systématiquement. Je pouvais en parler pendant des heures ! Mais, je voulais vraiment faire comprendre au public que l’aspect génétique est essentiel dans la recherche sur l’épilepsie. Or ces techniques ne sont pas faciles à vulgariser en 180 secondes.
Heureusement, nous avons été coachés par Alexandra de Kaenel. Elle nous a donné beaucoup de conseils sur la façon de vulgariser au mieux notre sujet, de faire en sorte qu’il soit moins confus. Elle nous a fait aussi faire des exercices d’improvisation et de prise de parole. Elle nous a apporté des techniques de gestion de stress et de respiration, mais aussi de théâtre pour faire son pitch au mieux. Elle nous a également appris à prendre conscience de notre gestuelle, à regarder le public droit dans les yeux ou, des choses très pratiques, comme tenir correctement un micro.
Et pour ma part, j’ai aussi eu la chance de faire une répétition devant d'autres personnes, notamment des proches et des chercheurs de l’Institut du cerveau avant la finale.
Comment appréhendez-vous la prochaine étape du concours au niveau national ?
L. S. : Je suis très motivée pour participer à la demi-finale nationale. C’est un honneur de représenter Sorbonne Université et d’avoir l’opportunité de faire de nouvelles rencontres !
Je continue de travailler mon texte tout en m’appuyant sur les conseils que m’ont donnés les membres du jury, notre coach Alexandra et mes proches.
Quels peuvent être les effets de ce concours sur l’image des doctorants et de la recherche ?
L. S. : Pour les doctorants, c’est important de connaître l'existence de ce concours, ne serait-ce que pour suivre la première formation MT180 qui apporte beaucoup.
Pour le public, le concours est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la recherche et de découvrir de nouveaux domaines. C’est aussi l’opportunité de faire connaître ce concours aux doctorantes et doctorants et l’intérêt de la recherche fondamentale à la société. Ce concours permet aussi de briser les stéréotypes du savant fou qui travaille tout seul dans son laboratoire et peut-être inspirer des étudiantes et étudiants à poursuivre en doctorat.