Théo Bouloudani
Etudiant en biologie et membre de l'équipe iGEM 2023
Notre objectif était de trouver un moyen de dépolluer les sols avec une méthode utilisant la biologie synthétique.
Étudiant en master 2 Immunologie, génétique et oncologie, Théo Bouloudani a intégré, durant son master 1, l’équipe International Genetically Engineered Machine (iGEM) de Sorbonne Université. Avec les autres membres de l’équipe, il a décroché la médaille d’or lors du rassemblement international de biologie synthétique iGEM qui se tenait à Paris du 2 au 5 novembre derniers.
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’aventure iGEM ?
Théo Bouloudani : L’an dernier, lors de la rentrée en master 1 Biologie moléculaire et cellulaire, la précédente équipe iGEM de Sorbonne Université m'a fait découvrir ce qu’était cette compétition de biologie synthétique, le principe de monter un projet scientifique et de le défendre lors d'un concours international. J'ai tout de suite eu envie de rejoindre la nouvelle équipe pour participer à ce type de projet et obtenir des compétences complémentaires.
Venant d’une double licence en science de la vie et en chimie à l'Université Côte d'azur à Nice et connaissant peu de personnes sur Paris, j'avais également envie de rencontrer des gens passionnés comme moi par les sciences. C'était l'occasion d’exercer ma passion avec des gens qui me ressemblent.
Quel a été votre rôle dans l’équipe ?
T. B. : L'équipe était composée de plusieurs membres répartis dans différents pôles : Human practices, biologie, modélisation, Wiki... Durant la passation avec l’ancienne équipe, des élections ont eu lieu. J'ai été désigné trésorier de l'association. Mon rôle était de chercher des financements avec l'aide des autres membres de l’équipe, de passer les commandes et de payer les factures (inscriptions au concours, assurances...).
Je suis également intervenu dans le pôle biologie en participant à l'élaboration du projet et en réalisant certaines des expériences au laboratoire, ainsi que dans le pôle WIKI, en participant à la création de notre site pour résumer notre projet scientifique.
Décrivez-nous les objectifs et les enjeux du projet de dépollution des sols PseudoDetox que vous avez défendu.
T. B. : L’écologie étant un sujet majeur de notre société, nous avions envie de travailler sur un projet portant sur l'environnement et la bioremédiation, une technique de dépollution utilisant des micro-organismes pour décontaminer le sol.
Lors de la création de la nouvelle équipe, différents projets étaient en discussion. Nous avons voté pour le projet qui convenait à la majorité et qui semblait le plus réalisable avec les moyens que nous avions et le temps imparti avant le concours (environ 10 mois). Notre choix s'est donc porté sur le projet PseudoDetox.
Nous avons découvert, lors de nos recherches, qu'une grande partie des sols dans le monde et en France étaient notamment pollués par des molécules nommées hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). L’objectif de notre projet a été de trouver un moyen de dépolluer ces sols avec une méthode utilisant la biologie synthétique pour éliminer ces molécules.
Pour cela, nous avons utilisé la bactérie Pseudomonas Putida, une bactérie très commune, capable de dégrader les HAP par différentes réactions enzymatiques. Nous avons également trouvé que le fait d’ajouter à cette bactérie des biosurfactants - des lipides (les rhamnolipides et les sophorolipides) capables de solubiliser les molécules hydrophobes -, facilitait la prise en charge des HAP par la bactérie. Nous avons donc voulu améliorer Pseudomonas Putida en lui faisant produire ces deux types de biosurfactants pour dégrader de façon plus efficace les HAP dans les sols.
En quoi ce projet est-il innovant ?
T. B. : Le projet PseudoDetox se démarque par son caractère innovant dans la dépollution des sols. En exploitant la biologie synthétique, notre équipe a choisi d'améliorer la bactérie Pseudomonas putida pour dégrader efficacement les HAP, des polluants répandus dans les sols à l'échelle mondiale. L'intégration de biosurfactants, tels que les rhamnolipides et les sophorolipides, constitue une approche novatrice pour accroître la solubilisation des HAP, facilitant ainsi leur dégradation. Ce projet se distingue également par son engagement envers la résolution d'un problème environnemental crucial et contemporain.
Comment s’est déroulé le projet jusqu’à la semaine de compétition ?
T. B. : La passation avec la précédente équipe iGEM eu lieu en décembre 2022, permettant ainsi la formation de la nouvelle équipe. Jusqu'à janvier 2023, nous avons débattu des différents projets, et avec l'aide de nos enseignants - Marco Da Costa, Pierre Crozet et Frédérique Peronnet - nous avons choisi le projet PseudoDetox. Nous avons ensuite commencé à décrire notre projet tout en l'améliorant au fur et à mesure grâce à nos recherches, et à chercher des financements à partir de février.
En parallèle de nos études, nous avons mis en place les différentes missions de chaque pôle (Human practices, Biologie, Modélisation et Wiki). Début juin, une fois les examens terminés, nous avons pu commencer les expériences dans le laboratoire où travaille Pierre Crozet. Nous avons effectué nos expériences de juin à début octobre pendant que les membres des différents pôles travaillaient sur la réalisation de leur mission : développement d’un modèle informatique, création d'un magazine permettant de faire comprendre ce qu'est la biologie synthétique, interventions dans les écoles, posts sur les réseaux sociaux pour sensibiliser un maximum de personnes de tous âges.
Les mois de septembre et d’octobre ont été particulièrement intenses à mesure que se rapprochait l’échéance. Enfin, du 2 au 5 novembre s'est tenu le Grand Jamboree au Parc des expositions de Paris, rassemblant plus de 400 équipes et 4000 étudiants du monde entier. Nous avons défendu notre projet devant les juges et présentait PseudoDetox aux différentes équipes et visiteurs internationaux.
Que représentent ce concours et cette médaille d’or ?
T. B. : Ce concours était l'occasion de défendre notre projet devant des experts de la biologie synthétique après presque un an de travail. C'était aussi l'occasion de rencontrer des étudiants passionnés comme nous par cette discipline, mais également des professionnels et d'agrandir notre réseau.
Nous sommes très fiers d'avoir pu représenter Sorbonne Université lors de ce concours international et d'avoir obtenu, comme l'équipe précédente, une médaille d'or qui récompense une année de travail et d'investissement intensifs en parallèle de nos études.