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La roussette, un modèle pour comprendre la régénération rénale
Les reins sont constitués de néphrons, des structures tubulaires responsables de la filtration du sang. À la naissance, les mammifères en ont une quantité fixe, ils ne peuvent plus en former de nouveaux. À l’inverse, les poissons cartilagineux comme les raies, les requins et les chimères, ont des cellules souches qui produisent des néphrons tout au long de leur vie. Dans un article publié dans le Journal of the American Society of Nephrology (JASN) des scientifiques de la Station Biologique de Roscoff ont examiné les caractéristiques moléculaires des cellules souches chez un petit requin, la roussette (Scyliorhinus canicula) pour mieux comprendre ces mécanismes de régénération.
Les reins sont constitués de néphrons, des structures tubulaires responsables de la filtration du sang. Chez les mammifères, les cellules épithéliales des néphrons se forment au cours de l’embryogénèse à partir d’une population de cellules souches dont le nombre diminue pendant la gestation. A la naissance, tous les mammifères ont une quantité fixe de néphrons et ils ne peuvent plus en former de nouveaux durant leur vie.
A l’inverse, chez les poissons cartilagineux comme les raies, les requins et les chimères, les cellules souches qui sont présentes tout au long de la vie produisent des néphrons en continu. Le développement de nouveaux néphrons peut aussi être induit après une lésion du rein comme cela a été montré chez la raie hérisson (Leucoraja erinacea) (Egler et al. 2003) révélant ainsi une capacité de régénération qui n’existe pas chez les mammifères.
Dans un article publié récemment dans the Journal of the American Society of Nephrology (JASN) des scientifiques de la Station Biologique de Roscoff (UMR8227) ont examiné les caractéristiques moléculaires des cellules souches chez un petit requin, la roussette (Scyliorhinus canicula) pour mieux comprendre ces mécanismes de régénération.
Ils ont découvert d’une part que pour cette espèce, les cellules souches se divisent très lentement et par ailleurs que le taux de synthèse protéique est plus élevé dans les cellules épithéliales issues de la différenciation des cellules souches que dans les cellules souches originelles.
Or cette augmentation de synthèse protéique est également observée chez la souris lorsque la population de cellules souches s’épuise pour se différencier en cellules épithéliales à la fin de l’embryogenèse.
Ces résultats suggèrent qu’un fin contrôle de la synthèse protéique pourrait être un mécanisme majeur dans le maintien des cellules souches au-delà de l’embryogenèse chez la roussette.
Cette étude ouvre donc des perspectives pour comprendre comment une population de cellules souches peut perdurer dans un organe. La découverte d’un facteur clé ralentissant la synthèse protéique dans les cellules souches rénales de roussette pourrait permettre de prolonger la durée de vie de ces cellules chez la souris et ainsi d’augmenter leur capacité à former des néphrons. Dans un contexte pathologique, cela permettrait de régénérer les néphrons manquants.
Références : Lund-Ricard, Y., Calloch, J., Glippa, V., Vandenplas, S., Huysseune, A., Witten, P. E., Morales, J., & Boutet, A. (2024). Postembryonic Maintenance of Nephron Progenitor Cells with Low Translational Activity in the Chondrichthyan Scyliorhinus canicula. Journal Of The American Society Of Nephrology. https://doi.org/10.1681/asn.0000000558