Robin Vigouroux

Robin Vigouroux

Docteur Sorbonne Université et prix de la chancellerie 2021

Ce prix est un réel aboutissement scientifique et personnel. Je suis infiniment fier et honoré d’avoir été sélectionné parmi les lauréats du prix de la Chancellerie des Universités de Paris et je remercie mes encadrants de thèse pour leur accompagnement.

Robin Vigouroux, docteur Sorbonne Université ayant soutenu sa thèse en septembre 2020, est parmi les 3 lauréats des prix de la chancellerie, obtenus par Sorbonne Université cette année. Nous sommes allés à sa rencontre pour découvrir un parcours d’excellence atypique.

Robin, pouvez-vous nous retracer votre parcours ?
Après mon baccalauréat, j’ai effectué une double licence en neurosciences et biologie intégrative à l’Université de Toronto au Canada. Mes intérêts scientifiques se sont rapidement précisés sur la question de la complexité des processus dégénératifs. Cependant, comprendre comment un système biologique dégénère requiert de comprendre comment ce dernier se forme et fonctionne. Souhaitant approfondir mes connaissances en biologie du développement, j’ai décidé de poursuivre le Master de Biologie Moléculaire et Cellulaire de Sorbonne Université co-habilité avec l’École Normale Supérieure. J’ai choisi de faire mon stage de M2 et ensuite ma thèse sous la direction de Kim Nguyen-Ba-Charvet dans le laboratoire du Dr. Alain Chédotal à l’Institut de la Vision. Cette décision était motivée par le dynamisme de l’équipe composée de chercheurs et de médecins collaborant sur des recherches translationnelles.

Quel a été votre sujet de thèse ?
Pendant le développement, les neurones doivent savoir naviguer à travers le corps et trouver leurs cibles. Certaines molécules, les molécules de guidage axonale, indiquent aux neurones la trajectoire à emprunter. Durant ma thèse, je me suis intéressé aux neurones de l’œil, et plus particulièrement aux neurones qui relient l’œil au cerveau et qui forment le nerf optique. Le premier enjeu de ma thèse était de pouvoir visualiser l’ensemble des structures de l’œil jusqu’au cerveau sans aucune dissection et en trois dimensions ! Pour cela j’ai créé un nouveau protocole de transparisation de tissu, EyeDISCO, qui a fait l’objet d’un brevet européen. Grâce à ce protocole, j’ai pu étudier deux molécules de guidage axonale, DCC et nétrine-1, et j’ai montré que ces molécules étaient indispensables pour le développement du nerf optique. Ces molécules jouent aussi un rôle dans la maturation des cellules photoréceptrices, cellules de la rétine qui captent la lumière. Ces résultats mettent en lumière de nouvelles cibles thérapeutiques pour des maladies comme le glaucome ou la dégénérescence maculaire liée à l’âge.

Dans une deuxième partie, je me suis intéressé à la vision binoculaire. Chez l’homme, le nerf optique va envoyer des axones aux deux hémisphères du cerveau (projections bilatérales). Par conséquent, le noyau visuel du cerveau reçoit le signal de chaque œil. Ce léger décalage entre les deux yeux, permet à notre cerveau de déduire une image en 3 Dimensions. Cette fonction a longtemps été pensée comme étant propre aux mammifères. Cependant, très peu d’études s’étaient réellement penchées sur cette question. Grâce au protocole EyeDISCO, j’ai analysé les projections visuelles de nombreuses espèces de vertébrés et j’ai découvert que les projections bilatérales existaient déjà chez les poissons, nos ancêtres communs, il y a plus de 450 millions d’années. Cette découverte souligne l’importance d’étudier une variété d’espèces.

Actuellement, quelle est votre activité ? Quel est votre projet professionnel ?
À la suite de la soutenance de ma thèse, j’ai effectué une passerelle en 3ème année de médecine à Sorbonne Université. Ce choix a été motivé d’abord par le souhait de me rapprocher des patients mais aussi par l’envie d’acquérir des connaissances fondamentales et cliniques sur diverses pathologies. Mon projet professionnel est de devenir médecin chercheur en ophtalmologie et ainsi d’appréhender la recherche sous un nouvel angle. Je continue à lire activement la littérature scientifique dans mon domaine et j’espère pouvoir reprendre une activité de recherche prochainement.

Comment avez-vous postulé pour les prix de la Chancellerie ? Qu’attendez-vous de ce prix ?
J’ai postulé grâce à mon école doctorale, Cerveau, Cognition, Comportement, qui cherchait des doctorantes et doctorants en fin de thèse susceptibles d’être éligibles au prix de la Chancellerie. Pour postuler j’ai fourni un dossier comprenant un résumé de 10 pages de ma thèse, un CV, et plusieurs lettres de recommandations. J’ai été soutenu dans cette démarche par mon encadrante et mon directeur de laboratoire.
Pour aboutir ce travail de thèse j’ai dû faire de nombreux sacrifices et fournir de longues heures de travail, ce prix est un réel aboutissement scientifique et personnel. Je suis infiniment fier et honoré d’avoir été sélectionné parmi les lauréats du prix de la Chancellerie des Universités de Paris et je remercie mes encadrants de thèse pour leur accompagnement.


Pour en savoir plus sur le sujet de Robin Vigouroux

La cérémonie de remise des prix a eu lieu le 7 décembre dernier dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Damien Fontvieille et Peter Nahon, docteurs de la faculté des Lettres, ont également été récompensés pour leur thèse à cette occasion. Damien Fontvieille a soutenu sa thèse en histoire en décembre 2020, sous la codirection d'Alain Tallon et d'Olivier Poncet. Son sujet s'intitulait « Galaxie Bochetel : un clan de pouvoir au service de la Couronne de France de Louis XII à Louis XIII ». Peter Nahon a quant à lui soutenu sa thèse sur « Les parlers français des israélites du midi », sous la direction du professeur Jean-Pierre Chambon en juin 2020.