7 lauréates et lauréats au Concours Innovation 2024
Le jeudi 19 septembre s’est tenue la cérémonie de remise des prix des lauréats du Concours d’innovation 2023-2024, 7 créateurs et créatrices d'innovation de Sorbonne Université ont été distinguées.
Pour rappel, la vague 14 du Concours i-Nov est ouverte jusqu’au 1er octobre 2024.
i-Lab
Le volet i-Lab du concours valorise les résultats de la recherche publique à travers la création d’entreprises de technologies innovantes. Il finance les meilleurs projets de recherche et de développement pour la finalisation du produit, procédé ou service technologique innovant, grâce à une aide financière importante et un accompagnement adapté.
Les lauréates et lauréats i-Lab
Kloareg Bernard (LBI2M)
AberActives développe des procédés de biohttps://sciences.sorbonne-universite.fr/structures-de-recherche/lbi2mraffinerie enzymatique sur les grandes algues marines dans le but de fabriquer des ingrédients actifs ou fonctionnels, principalement pour les marchés cosmétique et nutraceutique. Traditionnellement, les grandes algues marines sont utilisées en alimentation humaine ou pour l’extraction d’agents texturants (hydrogels). De nouvelles utilisations se développent rapidement dans les secteurs suivants :
biostimulants pour les cultures, additifs fonctionnels et bio-actifs en nutrition animale, cosmétique, nutraceutique et pharmaceutique.
Les divers procédés aujourd’hui utilisés pour fabriquer ces ingrédients présentent l’inconvénient de générer des actifs peu concentrés et d’être peu éco-responsables. AberActives propose une technologie de rupture, le « cracking » des grandes algues marines. Très répandues dans le cas des plantes terrestres, ces technologies n’ont pas encore été développées pour les algues marines, faute d’enzymes spécifiques pour déstructurer les assemblages
polysaccharidiques, très abondants chez ces végétaux marins.
Les fondateurs d’AberActives sont tous les trois issus de la Station biologique de Roscoff. Ils s’appuient sur près de 40 années de recherche sur les grandes algues marines et sur les bactéries qui recyclent les biomasses algales. AberActives dispose d’un avantage concurrentiel unique, l’accès à des dizaines d’enzymes spécifiques de la dégradation des polysaccharides des algues marines et une connaissance experte de leur mode d’action. Certaines de ces enzymes font l’objet de brevets CNRS et Sorbonne Université, et AberActives en a acquis les licences exclusives.
Nos technologies permettent de produire de nouveaux ingrédients avec un haut niveau de pureté et de concentration. De plus, en raison de la robustesse des enzymes marines, les procédés AberActives sont conduits à température ambiante et ne nécessitent pas l’ajout de composés chimiques particuliers. Les entreprises qui utilisent des matières algo-sourcées montrent un grand intérêt pour nos technologies.
AberActives a choisi de cibler en priorité les marchés cosmétique et nutraceutique. L’entreprise se positionne comme un fabricant d’ingrédients fonctionnels et/ou bioactifs à haute valeur ajoutée. Fucane-OS se focalisera sur une classe particulière de polysaccharides d’algues brunes, les fucanes sulfatés. Ces molécules sont celles pour lesquelles le plus de bioactivités ont été décrites, ce qui les rend très attractives pour les marchés cosmétique et nutraceutique. Le projet a pour but d’objectiver par des tests pré-cliniques l’activité biologique des fractions obtenues par les procédés d’AberActives. Il visera également à monter en TRL jusqu’au démonstrateur industriel.
Santinho Alexandre (LPENS)
Purification d’organelles en microfluidique pour booster le développements de médicaments en phase de drug discovery, en donnant accès à des cibles thérapeutiques intracellulaires.
Les organelles (lysosome, mitochondrie, etc…) sont des compartiments situés à l’intérieur de la cellule. Les protéines localisées sur organelles sont impliquées dans de nombreuses pathologies incurables telles que Alzheimer, Parkinson, certains cancers ou des myopathies. Ces protéines sur organelles sont des cibles thérapeutiques a très fort potentiel pour les industriels pharmaceutiques, souvent first-in -class.
Notre constat : sur le marché, seulement 10% des médicaments agissent sur ces cibles protéiques dans les organelles. Pourtant, elles sont quatre fois plus nombreuses que les cibles localisées à la membrane externe cellulaire. Actuellement, les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas de méthodes performantes et haut débit, pour tester leurs millions de molécules (candidats médicaments) sur les cibles sur organelles. La cellule entière est une boîte noire qui masque tous les signaux lors des tests. Cela rend les tests d’efficacité illisibles. Ainsi, les organelles doivent être extraites des cellules pour réaliser tests lisibles. Il est impossible d’extraire des organelles à haut débit avec les technologies existantes, alors que plus de 80% les laboratoires pharmaceutiques ont des cibles sur organelles dans leurs pipelines.
Oria bioscience développe le premier procédé d’extraction et de purification d’organelles à haut débit, en microfluidique. Avec cette technologie, triplement brevetée, issue d’un laboratoire de l’ENS-PSL les organelles extraites sont fonctionnelles, encore « vivantes ». De plus, elles sont compatibles pour la première fois avec les instruments de screening haut débit des plateformes de screening.
Les organelles produites sont distribuées et vendues aux laboratoires pharmaceutiques et à leur sous-traitants, les CRO (Contract Research Organisation) spécialisées en Drug Discovery. Notre premier produit, le lysosome, leur permettra de cribler des cibles first-in-class sur lysosome, multipliant par 1000 leur débit de test. Cela réduit leur durée de R&D de 1 à 2 ans, avec une meilleure efficacité des molécules sélectionnées, qui présenteront un taux d’attrition plus faible lors des étapes de pré-clinique et clinique.
A l’issue de 4 années de recherche au laboratoire de physique de l’Ecole Normale Supérieure, Oria Bioscience est fondée par une équipe complémentaire : le Dr. Alexandre Santinho (CEO), le Dr. Abdou-rachid thiam (CSO) et Marine Moutia (COO).
Le projet LYFLOW permettra à Oria d’atteindre des jalons technologiques clés pour la commercialisation du premier produit en Europe et aux US : des lots de lysosomes pour le screening haut débit dans le domaine des maladies neurodégénératives. Le projet LYFLOW permettra à Oria Bioscience de valider les études pilotes en cours avec des industriels pharmaceutiques européens (FR, All, UK) et de dé-risquer totalement les futures applications sur les autres organelles et les autres aires thérapeutiques.
Ries Lucie (LPENS)
i|ion développe une nouvelle génération de solutions de dessalement facilement déployables, moins coûteuses et
plus durables pour préserver les ressources en eau.
Avec 97 % des ressources en eau accessibles sur Terre étant salées, le dessalement de l’eau de mer constitue une solution prometteuse pour lutter contre les pénuries d’eau et l’insécurité hydrique. Néanmoins, les procédés actuels sont onéreux et ont un impact environnemental conséquent, rendant leur déploiement difficile. En conséquence, les plus de 22 000 usines de dessalement en activité ne répondent aux besoins que de 3 % de la population mondiale, alors que 30 % pourraient en bénéficier.
Dans ce contexte, i|ion exploite une technologie de pointe issue de travaux de recherche fondamentale réalisés à l’ENS Paris pour développer une solution de dessalement innovante. Contrairement aux méthodes traditionnelles nécessitant des pressions mécaniques extrêmement élevées, notre approche utilise des phénomènes de transport nanofluidique non conventionnels pour purifier l’eau à travers des filtres de dessalement commerciaux, en utilisant uniquement de faibles champs électriques. Cette innovation brevetée permet un dessalement facilement déployable avec des équipements moins contraignants et énergivores, plus rentables et plus sûrs pour les opérateurs. Cette technologie ouvre la voie à un dessalement plus vert et moins coûteux, contribuant ainsi à la préservation des
ressources en eau.
Pradère Alix (LIP6)
Visionerves propose une IA permettant de générer une visualisation en 3D de l’IRM et révélant les nerfs périphériques.
La modélisation proposée est automatique, rapide et réalisée à partir de l’IRM du patient. La stratégie chirurgicale repose sur une analyse fine préopératoire de l’anatomie du patient via des images en 2D (IRM et scanner) qui ne permettent pratiquement pas de visualiser les nerfs périphériques. Leur analyse demande un effort de simulation cognitive pour se représenter l’anatomie en 3D : elle est souvent complexe, fruit de l’expérience pour les médecins et impossible pour les patients.
Dans les zones richement innervées, la chirurgie peut provoquer des lésions nerveuses conduisant à des séquelles fonctionnelles souvent irréversibles sur le langage, la déglutition, la sensibilité ou la motricité, les fonctions digestives et urinaires de continence ou les fonctions de reproduction – selon les zones opérées.
La visualisation des nerfs en amont apporte une information augmentée au chirurgien qui peut ainsi adapter sa stratégie chirurgicale, réaliser un arbitrage sur les options thérapeutiques et les voies d’abord chirurgicales pour mieux préserver les nerfs et optimiser le déroulement de la chirurgie. Elle permet de mieux partager les objectifs avec l’ensemble de l’équipe du bloc opératoire. Enfin la visualisation en 3D révélant les nerfs permet de mieux expliquer au patient, ou à ses parents, les contraintes, options et risques de la chirurgie, améliorant ainsi la nécessaire alliance thérapeutique entre patients et médecins. En aval, la technologie permet un meilleur suivi des patients, de leur évolution.
Les travaux sont le fruit de 8 ans de recherche entre chirurgiens, ingénieurs et radiologues experts d’excellence dirigés par les Pr Sabine Sarnacki et Isabelle Bloch, qui ont été récompensées par le prix Galien 2023, volet Travaux de recherche. Ces travaux sont nés d’un besoin issu des services de chirurgie de l’Hôpital Necker-Enfants Malades où sont opérés plus de 600 enfants par an porteurs de tumeurs solides où l’enjeu de préserver les nerfs est crucial pour éviter des séquelles avec un impact sur la motricité et la sensibilité à très long terme. Initiés sur l’enfant, ces travaux ont été étendu à l’adulte. Pr Sabine Sarnacki, professeur de chirurgie pédiatrique, est chef du service de chirurgie viscérale et urologique à l’hôpital Necker Enfants Malades et doyenne de la faculté de médecine de l’Université Paris Cité ; Pr Isabelle Bloch est professeure à Sorbonne Université, dans le laboratoire LIP6 (chaire en Intelligence
Artificielle), et associée au LTCI, Télécom Paris, Institut polytechnique de Paris.
La segmentation des organes et des structures anatomiques est réalisée par un système d’intelligence artificielle reposant sur des techniques d’apprentissage supervisé. Ce système d’IA est modulaire et composé d’algorithmes de localisation, de segmentation sémantique et de correction assistée des erreurs, créant une chaîne de production des modèles 3D facilement utilisable et adaptée aux délais cliniques chirurgicaux. La reconstruction du système nerveux périphérique à partir d’images IRM de diffusion permet l’exploration des racines nerveuses lombo-sacrées.
La fiabilité et la cohérence clinique des nerfs reconstruits sont assurées par un système d’IA symbolique intégrant les connaissances anatomiques et chirurgicales, exprimées sous la forme de relations spatiales et de propriétés géométriques. Les algorithmes prennent en compte les variations anatomiques inter-individuelles et liées à la pathologie. Développée sur la région pelvienne, la technologie est en cours d’extension aux autres zones anatomiques. Elle est constitutive des technologies de jumeaux numériques.
i-PhD
Le volet i-PhD s’adresse aux jeunes chercheurs et vise à valoriser leurs travaux pour créer ou co-créer des startups en rupture technologique, en lien avec les structures de transfert de technologie et les laboratoires de recherche publique. Chaque lauréat bénéficie, outre une mise en visibilité, d’un programme d’accompagnement lui permettant d’accélérer son projet (mentorat, accès privilégié à la bourse French Tech avec un seuil d’intervention bonifié, temps forts immersifs dans l'écosystème deep tech, outils de promotion pour les Grands Prix).
Le lauréat Grand Prix i-PhD
Adrien Khalili Lazarjani (INSP)
Il est urgent aujourd’hui de considérablement diminuer le volume de déchets plastiques pour éviter de foncer droit vers un désastre
écologique. Les méthodes de tri actuelles passent par l’œil humain et/ou des systèmes mécaniques qui se révèlent complètement
inefficaces. Avec NYXIR, nous pourrons faire un énorme bond en avant dans le pourcentage de plastique recyclé, en proposant une
identification rapide et non invasive des déchets avec une caméra infrarouge à base de nanocristaux.
Participer au concours d’innovation i-PhD était une évidence, car il représente une opportunité unique d’intégrer l’écosystème
Deeptech français. Être lauréat Grand Prix est une reconnaissance inestimable pour le potentiel de NYXIR et du travail de notre
équipe. Le prix i-PhD offre non seulement une visibilité précieuse mais aussi l’accès à un réseau d’experts et de mentors qui nous
accompagneront tout au long de cette aventure entrepreneuriale. Je suis déterminé à transformer cette opportunité en succès
durable pour que NYXIR devienne une référence incontournable sur la scène Deeptech internationale et surtout un levier écologique
français reconnu mondialement.
Les lauréats i-Phd
Ait Mammar Walid (LRS)
FoodSens développe un dispositif microfluidique d’autotest capable de détecter et de quantifier les allergènes dans les échantillons
alimentaires. Cette initiative répond aux enjeux de sécurité alimentaire qui pâtissent actuellement de processus longs et coûteux. Actuellement, les échantillons prélevés doivent être envoyés à des laboratoires externes qui fournissent leurs résultats sous deux semaines. Notre solution offre une détection sur site, rapide et économique pertinente au regard des 2000 cas de réactions allergiques
dangereuses signalées chaque semaine suite à la consommation de produits industriels.
Yasser Mohseni Behbahani (INRIA)
Le modèle actuel pour la découverte de solutions thérapeutiques est contraint par notre connaissance limitée des interactions protéiques (PPI). Cela conduit à des enjeux d’efficacité et de fiabilité pour les futurs traitements, et de croissance de l’industrie pharmaceutique.
Le projet LabSae propose une plateforme computationnelle unifiée pour analyser les réseaux PPI en utilisant la biologie computationnelle
et l’intelligence artificielle. LabSae fait ainsi progresser la médecine personnalisée en intégrant la génétique, en personnalisant les
réseaux PPI et en proposant des solutions thérapeutiques sur mesure.